Sécurité des barrages : Enfin une loi en vue

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Un projet de loi sur la sécurité des barrages au Maroc devrait voir le jour au cours de cette année. Si le lancement de la politique des barrages est aujourd’hui enseigné comme l’un des faits marquants du règne de Feu SM Hassan II, aucun cadre législatif ne l’a accompagné jusqu’à ce jour.

L’annonce a été faite mardi dernier par la ministre déléguée chargée de l’eau, Charafat Afilal, lors d’une journée d’étude au siège du ministère à Rabat. « Historiquement, les barrages sont construits afin de répondre au souci d’approvisionnement en eau et irrigation, ainsi que pour assurer la protection des vies humaines, ces mêmes ouvrages peuvent tout aussi bien constituer une grave menace », a-t-elle déclaré.

D’où la nécessité de renforcer l’arsenal juridique du Royaume en la matière, d’autant plus que le patrimoine de barrages dont dispose le pays devient de plus en plus important, et de plus en plus vieillissant. Le Maroc dispose aujourd’hui de 139 grands barrages, et d’autant de petits barrages. 64% d’entre eux ont plus de 20 ans et 14% ont plus de 50 ans. A l’horizon 2030, conformément à la stratégie nationale de l’eau, l’effectif des grands barrages devrait être porté à 170.

La construction et la maintenance de ces ouvrages s’effectuent de manière décentralisée, ce qui impose une mise en place de règles communes sur le plan national. « Ce projet de loi vise la formalisation des pratiques et des procédures », a indiqué la ministre, notant que le Maroc s’est aligné, depuis déjà quelques années, aux normes internationales en la matière. « Il permettra de clarifier le rôle et l’organisation des entités intervenant dans ce domaine, instruire les attributions et responsabilités de chacun pour se prémunir autant que possible des risques de rupture ou de défaillance », a-t-elle ajouté.

Actuellement, les pratiques en matière de sécurité sont différentes d’un barrage à l’autre. Pendant la phase de construction, par exemple, ces mesures varient selon le maître d’ouvrage qui peut être, entre autres, la direction des aménagements hydrauliques, le ministère de l’agriculture et de la pêche maritime ou une société minière.

Ainsi, ce projet de loi devrait mettre en place des normes de surveillance, de dimensionnement des ouvrages et de fréquence des études de sécurité pour chaque type de barrage. Un échéancier devrait être mis en place pour la mise à niveau des barrages existants. Globalement, les normes de sécurité concerneront la résistance aux crues, la résistance aux séismes, les plans de gestion des eaux de la retenue et un plan de mesures d’urgence mis en place en concertation avec les services de la protection civile.

Le projet de loi comporte, en outre, des mesures coercitives punissant, notamment, les constructions sans autorisation et tout manquement aux normes de sécurité. Pour élaborer ce projet de loi, le département d’Afilal s’est basé sur un benchmarking international. Le texte final devrait être fortement inspiré de l’expérience espagnole.

Le choix de ce pays n’est pas fortuit. L’Espagne est, en effet, le quatrième pays dans le monde, et le premier en Europe en nombre de barrages. « Nos ministères respectifs travaillent sur un accord de partenariat dans le domaine des ressources hydriques », a annoncé l’ambassadeur d’Espagne au Maroc, José de Carvajal Salido, également présent lors de la journée d’étude.

Sur le plan mondial, des défaillances au niveau des barrages ont, à plusieurs reprises, provoqué des pertes humaines très importantes. C’était le cas en Chine en 1975, où la rupture du barrage de Banqiao avait causé la mort de plus de 26.000 personnes. Heureusement, le Maroc n’a jamais connu de catastrophe similaire. Cependant, plusieurs incidents ont été relevés depuis le milieu des années 1960, dont plusieurs mettent en relief des défaillances au niveau des normes de construction et de contrôle des barrages.

Le cas de deux barrages met en particulier le doigt sur des dysfonctionnements flagrants lors de la phase de construction. Celui du barrage d’Id Daoud dans la région du Souss, qui avait été totalement emporté lors de la première crue en 2002, et celui de Tuizgui Ramz, en 2007, qui avait connu une rupture partielle suite à une érosion de sa fondation au premier remplissage. Par ailleurs, des fuites importantes avaient été relevées dans les barrages de Nakhla en 1964 et de Hassan Addakhil en 1974, sans toutefois provoquer de dégâts notables. En 1984, le barrage Makhazine avait connu une érosion de son noyau, tandis qu’en 1988, les têtes de contrefort du barrage Abdelmoumen s’étaient entièrement fissurées. Si ces incidents sont les plus mémorables, il est à noter que les alertes sont très nombreuses en ce qui concerne les barrages, mais sont, la plupart du temps, sans danger pour la population.

Source : aujourdhui.ma

 

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