Les pesticides néonicotinioïdes derrière la catastrophe écologique du siècle

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Le Maroc n’échappe guère à cette situation dramatique. En effet, plus de 10.000 colonies d’abeilles, dans la seule région du Gharb, ont disparu. Les pesticides chimiques, utilisés dans certaines cultures, sont sérieusement pointées du doigt.

Rien ne semble arrêter l’hécatombe qui frappe depuis des années les colonies d’abeilles dans le monde. Aux Etats-Unis, près d’un tiers des colonies ont été décimées au cours de l’hiver 2012-2013. Le même pourcentage de disparitions est également signalé en Europe presque chaque année, depuis 2007. Au Maroc, si les chiffres exacts ne sont pas disponibles, le président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’apiculture, Mhamed Aboulal, évoque une situation catastrophique qui touche les colonies d’abeilles dans plusieurs régions du Maroc. «Toutes les régions connues pour la prolifération des abeilles et la production du miel sont gravement atteintes», martèle cet apiculteur chevronné. 
Il donne pour exemple l’abeille saharienne, vivant seulement au Maroc et en Algérie, qui est actuellement en voie de disparition. La région du Gharb, qui contribue par la moitié de la production nationale en miel, a perdu plus de 10.000 colonies d’abeilles. Un cataclysme pour une filière jadis prospère et qui a bénéficié d’un contrat-programme signé avec l’Etat en 2011.
Ambitieux, ce programme promettait un avenir meilleur pour l’apiculture en fixant comme objectif d’atteindre 16.000 tonnes de miel en 2020. Or, la production chute d’année en année, sous l’effet, entre autres, de la disparition des colonies d’abeilles. En effet, seulement 3.500 tonnes ont été réalisées en 2010 et à peine 2.000 tonnes en 2013. Des niveaux affreusement bas qui témoignent d’une filière en décadence. Mais, malheureusement, il n’y a pas que la production du miel qui semble être la conséquence directe de ce drame de disparitions d’abeilles. Ces insectes, aux vertus écologiques incommensurables, pollinisent les plantes et les cultures pour une valeur estimée à 40 milliards de dollars par an. 

Les “néonicotinoïdes” de la mort 
«35% des ressources alimentaires dans le monde dépendent de la pollinisation, dont 80% des abeilles» explique un spécialiste. Alors, si aucun effort n’est déployé pour que cette pollinisation continue, beaucoup de nos fruits, légumes pourraient disparaître complètement des marchés. Or la situation des abeilles est de plus en plus préoccupante. Depuis plusieurs années, le syndrome d’effondrement des colonies est jugé catastrophique par les spécialistes et la population globale d’abeilles est en très forte diminution. 
Outre l’action des parasites, de maladies et de facteurs génétiques, il semble que l’exposition aux pesticides chimiques provoque fortement cette hécatombe. Les experts américains et européens désignent, en effet, les “néonicotinoïdes” comme la principale famille d’insecticides qui affecte le système nerveux central des abeilles, provoquant la paralysie et la mort. Les principaux producteurs de ces pesticides sont le groupe suisse Syngenta et son homologue allemand Bayer. 

Lobby industriel
Les deux géants mondiaux de fabrication de ces produits chimiques ont des filiales au Maroc: Syngenta Maroc et Bayer Maroc. La première, dont le siège social est basé à Rabat, emploie 300 personnes et dispose de deux agences régionales, l’une à Agadir et l’autre à Meknès. Le groupe suisse possède également à Agadir un centre de recherche de production de semences. Le groupe Bayer possède aussi, pour sa part, d’importantes activités industrielles au Maroc. De par leur gigantisme financier et leur emprise sur le marché mondial des pesticides, les deux groupes constituent en effet un lobby industriel très puissant. Il intervient régulièrement auprès des Etats et de l’Agence européenne de sécurité alimentaire afin de contrer les risques d’interdiction qui pèsent sur les “néonicotinoides”, fortement suspectés dans l’effondrement des colonies d’abeilles.

Source : maroc-hebdo.press.ma

 

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