Palmier dattier: Pourquoi le modèle GIE trébuche encore

 

Dans la filière du palmier dattier, de grandes avancées ont été réalisées dans l’organisation et la professionnalisation du métier depuis la signature du contrat-programme (CP) en 2010. A deux années de la fin du CP, le modèle de Groupement d’intérêt économique, basé sur le regroupement de plusieurs unités de production, coopératives et même de partenaires privés, montre encore des limites.

Le bilan d’étape réalisé cette année par l’Andzoa (Agence nationale pour le Développement des Zones oasiennes et de l’arganier), établi récemment à l’issue d’un atelier réunissant les agriculteurs et l’ensemble des intervenants de la filière, a mis l’accent sur les progrès mais aussi les contraintes. Cet atelier a porté sur quatre thématiques: la production, la gouvernance, la valorisation du produit et la commercialisation.

 

En marge, une réunion en interne de l’Andzoa a permis de faire une évaluation de la convention palmier dattier, indique Mustapha Faouzi, de l’Andzoa à Zagora. Ainsi, et malgré les excellentes performances réalisées au niveau national et l’accompagnement et l’appui de 24 GIE, à travers notamment deux programmes portés conjointement par l’Agence belge de développement CTB et le Maroc, ces groupements trébuchent sur deux points essentiels.

«Un minimum de connaissances pour comprendre les enjeux»

La gouvernance au sein des GIE ainsi que le pilotage des activités de gestion des unités de valorisation des dattes (unités de stockage et de frigorification). Ainsi, le suivi financier des comptes et des budgets dans le cadre d’un GIE requière non des notions en comptabilité mais un réel savoir dans la gestion de projets de cette taille.

«Même lorsque le financement est accessible, il est important que les ressources humaines qui gèrent ce financement soient aptes à le faire et soient dotées d’un minimum de connaissances pour comprendre les enjeux de la filière», remarque Najib Abdelwahed, président du GIE de Ternata, l’une des oasis de Drâa.

En d’autres termes, la qualification pour la gestion et la prise de décision fait défaut pour une grande majorité de membres, à la fois au niveau des coopératives et au sein des conseils d’administration des GIE. Recourir à des contractuels pour assurer des missions qui requièrent des connaissances financières ou comptables est une solution envisageable. Mais pour cela, les membres du GIE doivent être sensibilisés  pour prendre conscience de l’importance de cet aspect dans le bon fonctionnement du GIE.

Manque d’implication des agriculteurs dans leur engagement

Bien qu’intervenant à la fin de la chaîne de valeur de la filière, le volet commercialisation des dattes est également stratégique et permet d’évaluer l’aboutissement des multiples actions en amont. A part quelques GIE qui se sont distingués sur le marché national et s’en sortent bien dans l’exportation, la majorité reste encore en deçà des objectifs.

A l’origine, un manque de qualification et de connaissances en matière de commercialisation, et la qualité du produit fait souvent défaut lorsque les agriculteurs fournissent le GIE. De nombreux agriculteurs continuent de faire la cueillette à l’ancienne, et lorsqu’ils livrent le GIE, ils ne se préoccupent pas du pré-triage, engendrant ainsi d’importants déchets. Ce qui baisse la qualité des dattes et contribue à la faiblesse de compétitivité du produit national face aux dattes importées.

Plus encore, une bonne part de la production nationale se vend sur les marchés régionaux et occasionnels par certains agriculteurs, et des coopératives entrent en compétition sur le marché avec le GIE dont elles font partie. Sans oublier la présence encore très forte des intermédiaires qui plombe toujours la réussite du modèle de GIE. «Il existe un manque d’implication des agriculteurs dans leur engagement avec les coopératives et les GIE.

Alors que la confiance mutuelle est un élément clef pour la réussite de ce modèle», ajoute Abdelwahed. Afin de remédier à ces failles, deux conventions de partenariat ont été conclues dans le cadre de la coopération maroco-belge en marge du Salon international des dattes (SIDATTES) tenu à Erfoud en octobre dernier. La première, co-signée par l’Andzoa et l’Office national du Conseil agricole (ONCA), porte sur le développement des capacités des agriculteurs.

Ceci à travers l’adoption de modèles de planification et de gestion des GIE ainsi que des formations dans le volet gestion de la qualité et la commercialisation. Elle engage une enveloppe de plus de 11 millions de DH. La 2e convention, de 24 millions de DH, conclue par l’Andzoa et l’Office régional de mise en valeur agricole du Tafilalet (ORMVA) permettra, entre autres, de fournir des équipements à 23 GIE.

Source : http://leconomiste.com

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