L’Ontario veut réduire de 80% la consommation des néonicotinoïdes pour protéger les pollinisateurs

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L’Ontario prend des mesures pour préserver la santé des  oiseaux, des abeilles, des papillons et bien d’autres pollinisateurs afin de protéger le bien être des écosystèmes pour un secteur agricole productif et une économie forte.

Comme indiqué l’année précédente sur “The Independent“, les pollinisateurs jouent un rôle important dans la productivité agricole de l’Ontario. Des cultures comme les pommes, les cerises, les pêches, les prunes, les concombres, les asperges, les courges, les citrouilles et les melons  ont besoin d’aide des pollinisateurs pour se développer.

Plusieurs facteurs ont été jugés susceptibles d’avoir contribués au déclin des populations d’abeilles, à savoir l’acarien Varroa Jacobsoni, les parasites, les virus, le mauvais régime alimentaire composé principalement de sirop de maïs, et l’utilisation des pesticides.

Bien que les acariens et les autres facteurs peuvent également causés des dommages, les apiculteurs et les scientifiques pointent de plus en plus leurs  doigts sur l’utilisation des pesticides comme la principale cause de mortalité des abeilles.

Parmi les pesticides soupçonnés sont les néonicotinoïdes (Néonics), qui est une classe de pesticides qui ont été développés pour faire face aux insectes piqueurs-suceurs (tels que les pucerons) et les larves qui se nourrissent des racines.

Initialement utilisés seulement dans les parcelles de pommes de terre, le champ d’utilisation de cette classe d’insecticides s’est élargi  depuis 2003.

Bien qu’il n’y ait pas d’études sur les effets de ces produits sur les insectes non ciblés par les entreprises qui régissent leur utilisation, les néonicotinoïdes sont maintenant les pesticides les plus largement utilisés dans le monde. En effet, pratiquement tout le maïs, le soja, le blé et les graines de canola sont prétraités avec ces produits, qui sont fabriqués par Bayer CropScience et Syngenta.

Lorsque les abeilles recherche de la  nourriture sur et autour des champs qui ont été plantés avec des semences traitées, leurs systèmes nerveux sont affectés, et elles perdent leur capacité à voler et à de se localiser dans l’espace ce qui les empêchent de retourner à leurs ruches. Elles meurent d’empoisonnement et d’exposition à ces produits chimiques. Celles qui arrivent à revenir à leurs ruches apportent le poison avec elles.

A l’Ontario, les pomiculteurs dépendent des abeilles pour polliniser leurs cultures, mais ils utilisent parfois les néonicotinoïdes pour contrôler les ravageurs, ils sont dans une position où ils voient les deux côtés de la problématique.

L’année dernière, “The Independent“ a demandé à Brad Johnston, propriétaire des Vergers Barbetta de Meaford, son point de vue.

Johnston  a perdu trente pour cent de ses ruches au printemps dernier, et cinquante pour cent l’année précédente, mais il a dit qu’il n’a pas remarqué, pour l’instant, une augmentation spectaculaire du coût de l’apport des abeilles pour son verger, ou une diminution de leur disponibilité.

 » Je suis un agriculteur qui croit vraiment à la pollinisation,  » a déclaré Johnston. « Je ne peux pas souligner à quel point c’est important. Les abeilles pollinisent environ une centaine de type des fruits et légumes et si nous ne les avons plus, nous aurons un vrai problème. Cela me préoccupe. Je fais ce que je peux de ma part « .

Comme tous les  pomiculteurs, Johnston utilise les néonicotinoïdes dans le cadre de son programme de  lutte intégrée (IPM). Son verger est surveillé chaque semaine et s’il y a présence des parasites il les traite avec ces substances d’une façon ciblée.  Les producteurs de pommes n’utilisent plus des pesticides selon  un calendrier prédéfinit ; le concept de lutte intégrée adoptée par de nombreux producteurs consiste à ne traiter que  lorsque c’est nécessaire.

D’après Johnston, d’autres producteurs de pommes  ont décidé de cesser d’utiliser tous les neonics parce qu’ils ne veulent pas contribuer à la perte des abeilles. Lorsqu’on lui a demandé s’il voulait attendre une interdiction avant qu’il ne cesse de les utiliser, Johnston a répondu, « J’ai déjà pris la décision,  je ne vais plus les utiliser. Nous avons un choix, nous avons d’autres options. « 

Johnston a déclaré que la perte des abeilles aurait une incidence sur son entreprise.

 » Ça va certainement m’impacter. Je pense qu’il y aura une incidence sur la qualité et la quantité des récoltes. Nous aurons encore des fruits, puisque la pollinisation peut s’effectuer de différentes façons, mais il y aura des pommes plus petites et difformes « .

Richard et Jane Elzby, producteurs de miel biologique,  disent  qu’il ont  vu une augmentation du nombre d’abeilles qu’ils perdent chaque année.

« Jusqu’en 2007 ma perte annuelle était d’une ruche par an. Cette année, j’ai perdu trente-trois pour cent de mes ruches. L’année dernière, j’ai perdu vingt-cinq pour cent. L’année d’avant c’était vingt pour cent. Chaque année ceci s’aggrave « , a expliqué Elzby. “ En vivant dans cette région, tous nos cultures sont pollinisées par les abeilles, en particulier nos cultures fruitières. Tant que nous avons les abeilles nous pouvons augmenter la récolte. Si nous les perdons la récolte sera  vraiment faible. « 

Lorsqu’on l’a interrogé sur les néonicotinoïdes, Elzby souligne que, “Ce n’est pas seulement les abeilles qui sont perdues à cause de ces substances. Tous les autres  pollinisateurs auxquels les gens ne pensent même pas sont tués. 

 » J’étais chimiste et ingénieur en environnement durant 25 années. Ce que j’ai trouvé dans l’industrie chimique c’est qu’il y a toujours une alternative. Donc, si les néonicotinoïdes sont des produits chimiques qui causent des dommages … il faut faire pression sur ces entreprises pour chercher des alternatives  ou de modifier les formules. L’Allemagne et la France les ont interdits il y a trois ans et ils ont vu leurs abeilles revenir », a déclaré Elzby.

L’autorité européenne de sécurité des aliments a publié les résultats d’une étude qui a montré que les risques sont très élevés pour les abeilles. En réponse, la Commission Européenne a recommandé un moratoire. Le 29 Avril 2013, quinze des vingt-sept États membres de l’Union Européenne ont voté pour adopter une interdiction de deux ans, qui prendra effet à partir du 1er Décembre 2013.

« En tant qu’apiculteurs voici  notre opinion: ce sont les néonicotinoïdes la cause. La période de latence pour les neonics est de quinze à vingt ans. C’est le temps qu’il faut à partir du moment où ils étaient mis sur le marché jusqu’à ce qu’ils ont causé leurs dommages « , a déclaré Elzby.

L’Agence fédérale de réglementation de la protection phytoanitaire a maintenant trouvé un lien entre la plantation des semences de maïs et de soja traités avec néonicotinoïdes et les décès des abeilles en Ontario. L’approche de la province aidera à garder les cultures en bonne santé et à améliorer l’environnement par:

  • Œuvrer pour un objectif de réduction de 80 pour cent de la superficie  semée avec des graines de maïs et de soja traités avec des  néonicotinoïdes en 2017.
  • Réduire le taux de mortalité des abeilles en hiver à 15 pour cent en 2020.
  • Création d’un plan d’action  complet pour la santé des pollinisateurs.

Source : themeafordindependent.ca

 

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