UE coûte cher à l’Espagne

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Le site du ministère espagnol des affaires étrangères et de la coopération l’annonçait de manière brève le 31 juillet 2014 : « Des mesures ont été adoptées en rapport avec la Crimée et l’Ukraine ». C’est par ces quelques mots que Madrid laissait transparaître son malaise et son mécontentement vis-à-vis des sanctions décidées par l’Union Européenne à l’encontre de la Russie.

Une phrase à la voix passive suivie de deux liens, dont un en français, sans mentionner le nom du pays sanctionné en dehors du titre. Ainsi la tournure « Se han adoptado sanciones », si elle n’est ni rare ni anormale grammaticalement, montre-t-elle un profond détachement pour une affaire aussi grave, détachement qui manifeste une irritation à peine masquée. Le message est, en filigrane, très clair : l’Espagne ne participe qu’à son corps défendant à ce que Bruxelles et Washington conçoivent comme une punition à l’encontre de Moscou. Pourtant, son appartenance à l’Union européenne ne lui aura pas laissé le choix. Étant donné les liens économiques toujours plus forts qu’entretiennent l’Espagne et la Russie en matière économique, l’embargo russe qui a suivi les sanctions européennes n’a pas manqué de provoquer de graves problèmes pour les agriculteurs espagnols.

Dès le 12 août, la nouvelle ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement, Isabel García Tejerina, chiffrait ainsi les pertes du secteur à près de 337 millions d’euros (0,14% des exportations agricoles totales). Néanmoins, les collectifs d’agriculteurs craignaient que ce chiffre ne fût sous-estimé et tablaient pour leur part sur plus d’un milliard d’euros. Pour Francisco Vargas, responsable d’Asaja España (grand producteur de fruits et légumes frais outre-Pyrénées), cet embargo suppose « un seau d’eau froide » (« un jarro de agua fría ») pour un secteur qui comptait sur la Russie comme marché émergent. La presse espagnole généraliste et économique s’est largement emparée de la problématique, comme le quotidien Cinco días.

Ce dernier nous révèle notamment qu’en 2013, l’Espagne avait exporté 100 000 tonnes de tomates et de courgettes vers le plus vaste pays du monde, avec de fortes possibilités de croissance. Le 17 septembre, Bruxelles finissait par reconnaître que l’Espagne serait le pays d’Union Européenne qui devrait recevoir le plus d’aides pour faire face à l’embargo russe (pour l’équivalent de 95 000 tonnes de fruits et légumes), ce qui montre à quel point Madrid aurait tout intérêt à ne pas s’aliéner à la Russie.

Alors que des agriculteurs catalans brûlent le drapeau européen et que l’économie nationale ne redémarre que timidement, c’est toute la politique étrangère d’une Espagne inféodée à Bruxelles qui est en question puisqu’il y a d’autres secteurs stratégiques qui ont été affecté notamment le tourisme (chute de 40% du tourisme russe en péninsule ibérique en 2014).

Source : news360x.fr

 

 

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