La filière agrumes cherche une sortie de crise

Dans la Région Souss Massa, le prix de la clémentine dans les marchés de gros a chuté de manière vertigineuse. Il est de 15 centimes le kilo. Au détail, ces mêmes agrumes sont vendus aux consommateurs à un prix allant de 3 à 4 DH le kilogramme.

Suite à cela et parce qu’ils n’arrivent plus à rentrer dans leurs frais, certains agriculteurs ont préféré ne pas procéder à la récolte et laisser le produit sur pied. Et ce sont ainsi 30 à 40% de la production de la clémentine qui sont concernées. Face à cette situation, la Chambre régionale d’Agriculture vient d’organiser une table ronde afin de discuter de la situation sensible que traverse la filière et proposer des voies d’amélioration. En fait, le secteur agrumicole a subi plusieurs variations autant au niveau des conditions climatiques, que des problèmes liés à la commercialisation. De plus, cette année il y a une sur-offre car le secteur commence à atteindre la vitesse de croisière de la production par hectare étant donné que les arbres aujourd’hui adultes donnent des tonnages normaux. Toutefois, ni le marché à l’export ni le marché local ne présentent des prix qui permettent aux producteurs d’honorer leurs engagements envers les employés, les banques, les fournisseurs d’intrants… «Actuellement l’effort doit être mis sur l’amélioration des conditions de commercialisation du marché intérieur. Il serait souhaitable de regrouper les agriculteurs sous forme d’agrégation autour des stations de conditionnement pour permettre de vendre des produits de qualité, sur les marchés local et extérieur», explique Hro Abro, directeur de l’Office de mise en valeur agricole (Ormva) Souss Massa
Face à la surabondance de l’offre, la première contrainte des producteurs est la capacité de conditionnement qui reste inférieure au tonnage de clémentine produit en cette période. Selon une enquête réalisée l’année dernière par l’Association  des conditionneurs d’agrumes au Maroc (Ascam), les 53 stations de conditionnement opérant au niveau national assurent une capacité de 1.000 tonnes par heure. Ce qui représente en tout 850.000 tonnes. L’autre contrainte aujourd’hui réside dans le fait que les marchés traditionnels d’exportation n’arrivent pas à absorber toute la production nationale. C’est le cas pour les marchés russes, européens, et nord-américains. «Même si la profession fournit des efforts, la part de marché sur ces destinations ne peut pas absorber tout le produit en cette période de production allant de novembre à décembre», explique Khalid Bounajma, président de l’Ascam. Qui rappelle que les stations de conditionnement bénéficient de l’agrément de l’ONSSA pour livrer le marché local. Les produits vendus dans les GMS (grandes et moyennes surfaces) doivent être livrés par les stations agréées par l’ONSSA. Mais malgré les relances des professionnels via l’Ascam cette loi n’est pas activée alors qu’elle est au bénéfice et du producteur et du consommateur  et aussi des recettes de l’Etat.
Une première solution consisterait à structurer le marché local. En faisant en sorte que toute la production passe par les stations de conditionnement comme c’est le cas en Espagne et en Turquie. L’objectif étant d’assurer un produit qui réponde aux normes internationales pour le consommateur marocain. Et surtout de stabiliser les prix pour qu’ils soient à la portée des ménages, tout en garantissant un prix décent aux producteurs, propose Khalid Bounajma. Avec cette méthode, l’intervention des intermédiaires sera limitée et la station jouera son rôle de stabilisation du fruit. Et cela représente un marché de près de 400.000 tonnes à travers les GMS. Il faut préciser toutefois qu’une grande partie des petits et moyens agriculteurs n’ont pas encore la possibilité d’accès aux stations de conditionnement afin de valoriser leurs produits. De plus, le nombre de stations de conditionnement est très inférieur par rapport à la quantité produite en agrumes faut-il rappeler. Le marché africain, qui représente près de 180.000 tonnes, est l’autre levier important pour sortir de la crise. Toutefois, sur ce volet, le secteur passe encore par l’informel pour livrer ces destinations. Par conséquent, les producteurs et les stations de conditionnement ne captent pas la valeur malgré la  politique déclarée et les décisions stratégiques du développement sud-sud. Aujourd’hui, les producteurs exportateurs attendent un accompagnement étatique pour ouvrir ce marché plus rémunérateur que les marchés traditionnels.

Les attentes des agriculteurs…

Les professionnels reconnaissent que la situation actuelle du secteur des agrumes est alarmante. Pour sortir de cette crise, les agriculteurs qui ont participé à la table ronde proposent une organisation en syndicat pour mieux défendre leurs intérêts. Ce qu’ils espèrent aujourd’hui, c’est la mise en place d’une plateforme de commercialisation et la création d’unités de transformation en jus afin de valoriser le produit en cas de baisse des prix de vente en frais. Mais aussi, l’appui en aval avec l’augmentation d’aides financières pour la mise en place de plus d’unités de conditionnement et l’appui logistique du secteur en ce qui concerne les unités frigorifiques, le port et le transport marin ne sont pas au niveau de la production et des quantités produites. L’intensification des opérations du Conseil agricole à travers des programmes de formation et de suivi figure aussi parmi les attentes.

De bons scores tout de même

Le secteur des agrumes représente un pilier principal de la production agricole au niveau régional, compte-tenu des superficies occupées atteignant environ 41.000 hectares. Avec une production avoisinant 881.000 tonnes, dont près de la moitié est destinée à l’export. A lui seul, le Souss représente 65% des exportations au niveau national. Des résultats dus au déploiement des efforts dans le cadre du Plan Maroc vert (PMV) mis en place par le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime. Et aussi aux efforts consentis par les producteurs regroupés en des associations professionnelles et interprofessionnelles des agrumes.

Source : leconomiste.com

 

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