Croissance: pourquoi le Maroc reste-t-il dépendant de la pluie?

Au début de toute saison agricole, les conjoncturistes pointent leur nez le ciel pour évaluer la qualité de la saison, avant d’estimer la croissance économique du pays. En 2017, l’évolution du PIB du Royaume est encore, en effet, dépendante de la pluviométrie.

Les premières pluies sont enfin tombées, laissant espérer que la saison agricole n’est pas encore perdue. Aziz Akhannouch et ses confrères du gouvernement espèrent que les précipitations se poursuivront, pour sauver la saison céréalière. Car c’est de la pluie que dépend la croissance du pays.

Les raisons de cette dépendance qui caractérise la croissance du Maroc sont analysées par Telquel dans son numéro du 1er au 7 décembre. Le magazine estime qu’il s’agit là d’un des grands échecs du plan Maroc Vert. Un plan lancé il y a neuf ans et engageant plusieurs milliards de dirhams pour développer l’agriculture, améliorer sa valeur ajoutée et, surtout, la diversifier. Face à ce constat, le ministère de l’Agriculture, cité par l’hebdomadaire Telquel, préfère parler de résilience. « La pluie est un facteur omniprésent dans l’agriculture et on ne peut pas prétendre en être indépendant. Nos efforts vont dans le sens de l’amélioration de la résilience de l’agriculture aux aléas climatiques. La sécheresse de 1995 s’est traduite par une baisse de 41% du PIB agricole, alors qu’en 2016 (année la plus sèche au Maroc depuis 30 ans), cette baisse n’était que de 12% », explique ainsi une source autorisée au ministère de l’Agriculture.

Pour quelles raisons le Maroc continue-t-il se subir cette dépendance ? Selon Najib Akesbi, cité par Telquel, « le problème est à chercher au niveau de notre choix de modèle de développement que l’on a basé depuis toujours sur la politique des barrages, et donc sur l’irrigation ». Et d’ajouter que 81% des espaces ruraux sont laissés pour compte car l’effort du Plan Maroc Vert a été orienté vers 19% de la surface agricole utile, qui est irriguée. Dans sa stratégie, le ministère de l’agriculture « a privilégié des cultures d’exportation et industrielles en négligeant les céréales, légumineuses et autres, qui intéressent les Marocains », souligne Akesbi qui précise que d’importantes ressources financières ont été concentrées sur des surfaces limitées assurant le développement d’une petite production destinée à des catégories ou classes sociales spécifiques. Il fait donc référence au pilier 1 consacré aux grandes exploitations et au pilier 2 qui, réservé à la petite agriculture, s’est avéré inopérant, à en croire l’ex-ministre de l’Agriculture, Moulay Ismaïl El Alaoui, cité par Telquel. Selon lui, si la campagne céréalière a eu autant d’impact sur la croissance, c’est parce que 13 millions de personnes vivent directement de cette culture. « Une mauvaise campagne céréalière a un impact sur une grosse masse de populations », explique Moulay Ismaïl El Alaoui. L’effet économique est immédiat : la consommation baisse, les entreprises réagissent en gelant leurs investissements et le rythme de la croissance baisse.

Source : le360.ma

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