Agadir/Fruits et légumes: Le marché de gros, le maillon faible

Ni traçabilité, ni préservation de la chaîne de froid, ni certificats aux standards internationaux! Les marchés de gros nationaux ne garantissent pas le respect de ces normes, ce qui se répercute sur la marchandise transitant par ces plateformes.
Le consommateur marocain a pourtant droit à un produit de qualité selon des normes internationales à l’instar de ce qui se fait pour les produits destinés à l’export.

«La commercialisation des fruits et légumes au niveau national suit un modèle qui date du protectorat!», s’insurge Khalid Bounajma, président de l’Association des conditionneurs d’agrumes au Maroc (Ascam). En effet, les intervenants au niveau du marché de gros n’ont pas l’expertise métier pour améliorer ce flux. Bien au contraire.

C’est ainsi que cette méthode de commercialisation participe à la détérioration des fruits et légumes frais et engendre un manque à gagner à cause du processus traditionnel du marché local qui connaît un désordre. Des erreurs supportées et par les consommateurs marocains et par les producteurs qui n’arrivent d’ailleurs plus à capter cette valeur. Dans la pratique, chaque producteur apporte sa marchandise «physiquement» dans des marchés de gros qui ne garantissent pas les conditions de salubrité idéales.

Par contre à  l’international, les échanges sont faits sur la base de normes garanties par les organismes de contrôle pour que le fruit ne subisse pas un transport physique inutile qui pourrait l’altérer ou surcharger les frais d’approche. «Nous subissons des lois antédiluviennes par des ordonnateurs d’ordre qui ne sont pas du métier et pour un intérêt minime, celui de garder la taxe de 7%», ajoute Bounajma. Les doigts sont bien sûr pointés vers les collectivités locales et le ministère de l’Intérieur. Les professionnels ne parviennent pas à comprendre pourquoi les marchés de gros restent sous la tutelle du ministère de l’Intérieur qui n’a pas, selon eux, «l’expertise pour les gérer».

Au Maroc, le flux est estimé à 13 millions de tonnes en fruits et légumes, avec des pertes qui peuvent aller dans certains cas jusqu’à 40%! Ces pertes sont dues à la non-utilisation de la chaîne de froid, ce qui fait que la vitesse de respiration des agrumes augmente 2,5 fois plus en y ajoutant 10 degrés additionnels. En effet, la récolte s’effectue à une température de 25 degrés et reste sous le soleil dans les camions, tout au long de l’acheminement.

Par conséquent, le fruit puise dans ses réserves d’eau et de sucres pour dégager l’énergie nécessaire à la réaction de respiration, d’où la dégradation qui s’ensuit. Résultat, l’absence de chaîne de froid au niveau national pénalise lourdement les producteurs. Elle représente aussi beaucoup d’investissements perdus en termes d’énergie: transport inutile, énergie pour le pompage, irrigation, surexploitation de la nappe phréatique, gaz à effet de serre… En plus de la surcharge des routes nationales par un transport des fruits et légumes non adaptés.

Cela se répercute aussi sur les alentours des agglomérations des marchés de gros où la circulation est trop dense, comme cela est le cas au marché d’Inezgane qui ne désemplit pas quelle que soit l’heure de minuit jusqu’au lendemain à midi.
Avec des files interminables de camions, pick-up sous un soleil de plomb pour faire rentrer la marchandise, pas soumise aux règles de traçabilité comme le stipulent les standards internationaux et les règles de l’ONSSA. Ces utilisateurs sont par ailleurs sous la mainmise d’une poignée de personnes qui décident de leur sort dans un manque total de transparence.

Source : leconomiste.com

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