« Nous avons crée une application qui permet aux agriculteurs de mesurer et d’optimiser leur temps de travail »

A l’origine du projet, trois fils d’agriculteurs diplômés de l’ESA d’Angers, Armand Sachot, Mathieu Carpentier et Simon Denonnain, se sont intéressés à la problématique, souvent pointée du doigt mais difficilement abordable, de la mesure du temps de travail humain dans le secteur agricole : « C’est une question très importante, qui a souvent été délaissée faute d’outil adéquat pour l’analyser, mais qui est pourtant aujourd’hui un enjeu capital. Comme dans toute entreprise, la question de la main-d’œuvre est en quelque sorte le nerf de la guerre à l’interface entre le technique et l’économique. Notre volonté a donc été de développer un outil qui permette de mesurer automatiquement et sans aucune saisie le temps de travail effectué sur une exploitation agricole », explique Armand Sachot.
 
Cet outil, c’est l’application pour smartphone Aptimiz. D’une extrême simplicité, il suffit à l’utilisateur d’appuyer sur un bouton lorsqu’il se lève le matin et de faire de même lorsqu’il a fini sa journée de travail. L’application se chargera de faire la différenciation entre le temps utilisé à des fins personnelles et celui passé dans le cadre d’activités professionnelles. Seul ce dernier sera enregistré par Aptimiz.

Un paramétrage rapide et précis
Pour rendre cette différentiation possible, Aptimiz repose sur un paramétrage en amont qui s’effectue une seule fois et en 1h30 : « Nous importons le parcellaire telepac qui rend compte des zones qui composent l’exploitation, les différents vergers et parcelles. Puis grâce à un éditeur de zones, il est possible d’intégrer les parcelles qui ne sont pas forcément dans le telepac et celles que l’agriculteur travaille en prestation. Et enfin, nous pouvons ajouter toutes les autres zones d’intérêt comme le local phytosanitaire, le bureau, un potentiel magasin de ventes en direct de produits sur la ferme, le hangar pour stocker le matériel, l’atelier de l’exploitation mais aussi les partenaires comme la coopérative, les concessionnaires, les fournisseurs ou encore les points de vente sur lesquels le producteur se déplace. Une fois renseignées, toutes ces données vont permettre automatiquement de mesurer le temps passé dans chacune de ces zones, elles-mêmes réaffectées à une activité de l’exploitation en particulier. L’application permet aussi de prendre en compte le temps de déplacement entre ces différentes zones de travail », explique Armand. 
 
Cette analyse spatio-temporelle est basée sur la géolocalisation, ce qui permet la collecte des données même lorsqu’il n’y a pas de réseau.

Trophée de l’innovation 2019 au SPACE
L’application Aptimiz a commencé à être commercialisée l’année dernière. Ayant reçu le trophée de l’innovation 2019 au SPACE, elle serait à ce jour le seul outil permettant de mesurer aussi simplement le temps de travail sur une exploitation agricole et ce, quelle qu’en soit l’activité : « Nous avons commencé par la polyculture-élevage. Puis rapidement, nous avons eu beaucoup de demandes dans l’arboriculture et le maraîchage. Nous commençons donc aujourd’hui à proposer l’application dans ces secteurs ».

Des objectifs d’optimisation en termes d’organisation
Les besoins des professionnels qui installent Aptimiz sur leurs smartphones sont multiples. L’utilisation de l’application peut être motivée par une volonté purement organisationnelle : « En arboriculture et en maraîchage notamment, il y a souvent une volonté d’aboutir à une meilleure répartition des charges de main-d’œuvre, notamment de la main-d’œuvre saisonnière. Certains cherchent aussi à réaliser des objectifs de répartition du temps de travail sur l’année pour optimiser leur organisation et ainsi gagner en temps libre ».
 
Des objectifs de comparaison de différents itinéraires techniques
D’autres encore sont motivés par un objectif de croisement avec des données techniques, afin de connaître le temps de travail par hectare ou par tonne produite. « Les utilisateurs peuvent ainsi analyser l’impact de différents itinéraires techniques sur l’organisation et le coût en termes de main-d’œuvre et le comparer d’une année sur l’autre et potentiellement entre producteurs ».
 
Des objectifs d’analyse de la rentabilité économique de différentes stratégies

Puis il y a également une utilisation faite sur le croisement avec les données économiques. « Cela aide certains producteurs à déterminer une rémunération horaire d’un chef d’exploitation par exemple, ou encore à répercuter le temps de travail sur un produit dans son prix de vente et à les aider à le justifier auprès de leurs clients. Certains maraîchers sont aussi venus nous voir dans le but de savoir s’il valait mieux se rapprocher des réseaux grossistes afin de gagner du temps dans les ventes même si les prix pratiqués sont plus bas, ou alors de prioriser la vente directe qui nécessite un temps de commercialisation et de déplacement plus important mais aboutit à une meilleure valorisation des produits. L’analyse permet donc d’obtenir une différence de rentabilité horaire entre les deux stratégies », explique Armand.
 
D’autre part, cette analyse économique peut être effectuée à un niveau plus global sur la rentabilité horaire de différents formats de production. Ceci dans le but de faciliter la prise de décisions stratégiques sur le choix d’une culture ou d’une variété plutôt qu’une autre.
 
La commercialisation d’Aptimiz se fait sous format d’abonnement annuel à 300 euros/an par exploitation (incluant un utilisateur), et d’un supplément de 50 euros par utilisateur additionnel. L’équipe d’Aptimiz accompagne ensuite le producteur lors du paramétrage, qui se fait à distance. En parallèle à la commercialisation de l’outil, beaucoup d’agriculteurs sollicitent Aptimiz pour bénéficier de conseils dans l’optimisation du temps de travail sur leur exploitation. C’est pourquoi Aptimiz tisse aujourd’hui des partenariats avec différents types de structures de conseil sur le territoire.  Aujourd’hui disponible en France, les trois associés entendent bien proposer leur technologie au-delà des frontières de l’hexagone.

Source : https://www.freshplaza.fr

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