Maroc-UE : les raisons de la colère marocaine

Une réponse du commissaire européen à l’Environnement serait derrière le ton sévère des autorités marocaines. Pour préserver ses intérêts, la filière espagnole de pêche commence à exercer son lobbying auprès de Bruxelles.

Stupeur, mais aussi prudence au sein de la filière espagnole de pêche. Le secteur a reçu avec beaucoup de consternation le communiqué diffusé par le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime. Contacté par les Inspirations ÉCO, Pedro Maza, vice-président de la Confédération espagnole de pêche (Cepesca), s’est montré compréhensif à l’égard des autorités marocaines. «Je comprends parfaitement la réaction des autorités marocaines. C’est légitime. Moi-même suis remonté à cause de cette extravagante politisation de dossiers purement économiques, au sein de l’Union européenne», se lamente Pedro Maza. Pris de court, le secteur de pêche espagnol n’a toutefois pas tardé à exercer son lobbying. Des rendez-vous sont en cours de finalisation à Bruxelles pour exercer une pression sur les instances européennes et faire entendre la voix de ce secteur. Une chose est sûre: le gouvernement espagnol est dans de sales draps. La menace des autorités marocaines de mettre fin à la régularisation des flux migratoires est une mauvaise nouvelle pour les autorités espagnoles. Or, ironie du sort, le malheur de l’Espagne pourrait être l’œuvre de l’un de ses enfants. Tout porte à croire que le «détonateur» de cette sortie marocaine serait un autre communiqué de l’ONG pro-séparatistes basée à Londres, Western Sahara Research Watch (WSRW). Celle-ci avait rendu public, dimanche, un communiqué où elle se «félicitait de la décision de l’Union européenne du respect du statut séparé et distinct du Sahara occidental en ce qui concerne ses importations de l’énergie en provenance du Maroc».

L’ONG pro-séparatiste a surfé sur une déclaration attribuée au commissaire européen espagnol à l’énergie et à l’action climatique, Arias Cañete, où celui-ci aurait indiqué aux eurodéputés que le Sahara aurait un statut différent en ce qui concerne les exportations des énergies en provenance du Maroc. L’ONG a estimé que ces propos constituent une «première reconnaissance de l’indépendance du territoire sahraoui du Maroc» de la part des autorités européennes. Concernant les déclarations de Cañete, cette source proche du mandataire européen ne cache pas son scepticisme quant à la véracité des propos attribués au commissaire européen. «Je ne sais si les déclarations ont été détournées ou mal interprétées. Cañete est un ami du Maroc et connaît tous les dossiers liés à la coopération maroco-européenne pour y avoir contribué», insiste notre source. En effet, Arias Cañete, le commissaire espagnol, n’est d’autre que l’ex-ministre de l’Agriculture espagnol, qui avait mené les dernières négociations autour de l’accord agricole. Du temps où il était en charge du département de l’Agriculture, Cañete avait même défié le puissant lobby agricole en insistant sur le fait que les exportateurs marocains. respectent les normes européennes. C’est d’ailleurs lui qui avait appuyé la décoration du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, de la grande croix du mérite agricole en 2016.

Cela pourrait d’ailleurs expliquer le fait que la pilule ne passe pas auprès du département d’Akhannouch. Quelques jours avant le verdict de la Cour de justice européenne, la ministre de l’Agriculture espagnole, Isabelle Garcia Tejerina, avait insisté sur l’importance de maintenir les accords avec le Maroc. Tejerina avait souligné que les accords fonctionnent à merveille et que les instances européennes devraient prendre cette donne en considération au moment d’émettre un jugement. Toutefois, le gouvernement espagnol n’a pas réagi après la publication de l’arrêt. Un mutisme qui s’explique par une prudente lecture dudit arrêt, et peut-être une intuition que le verdict rendu pourrait entraîner des conséquences peu avantageuses pour l’Espagne.

Source : leseco.ma

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