Maroc, Coup d’envoie de la campagne d’exportation des agrumes, entretien avec M. Hicham Sabri (Zaouia)

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Avec un peu de retard par rapport à l’année passée, la campagne d’exportation des clémentines débute cette année à partir de la deuxième semaine d’Octobre. Plusieurs mesures ont été prises aussi bien par les producteurs que par le ministère de l’agriculture afin de valoriser les clémentines marocaines et préserver leur label qualité. Nous avons rencontré M. Hicham Sabri, responsable de l’encadrement technique des domaines de la Coopérative Zaouia, pour nous parler des préparatifs pour cette campagne.

Hortitechnews (HTN) : Cette année beaucoup de précautions ont été prises afin de réussir l’export de la clémentine : pouvez vous nous citer les plus importantes ?

M.Hicham Sabri : A mon avis il y a 4 changements fondamentaux pour cette campagne, premièrement l’augmentation du taux de brix, deuxièmement la coloration des fruits récoltables (les fruits à coloration vert clair ne peuvent plus être récoltés)  ensuite la durée de déverdissage qui ne doit pas dépasser 5 jours au maximum, et finalement le taux de chute de calice qui ne doit pas dépasser 5%.

Toutes ces mesures ont été prisent de la part du ministère de l’Agriculture en concertation; étroite, avec les producteurs pour réussir cette campagne et éviter de se retrouver dans la même situation que la campagne précédente. C’est vrai, que certaines de ces mesures restent difficiles à respecter, notamment le taux de chute de calice autorisé, mais ceci va nous permettre de faire de notre mieux pour y répondre.

– HTN : On parle de plus en plus du brix pour les Agrumes au Maroc, qu’elle est la valeur fixée ? Est-ce que nos clémentines répondront facilement à cette exigence? Au niveau de la coopérative Zaouia, quelles sont les dispositions prises afin que tous les producteurs de la coopérative puissent répondre à cette exigence ?

M. Sabri : Le  taux de brix pour les Agrumes faisait partie du critère E/A. Maintenant, on a mis encore plus en évidence ce paramètre dont la valeur minimum doit être de 10 pour pouvoir entamer la récolte. L’atteinte de cette valeur n’est pas impossible, mais elle nécessite une gestion et un suivi minutieux de la culture sur plusieurs mois. Le brix dépend de plusieurs paramètres, notamment l’irrigation, le porte greffe, le type de sol … tous ces paramètres doivent être pris  en considération si on veut atteindre le taux exigé.

Au niveau de la coopérative Zaouia, on a déjà anticipé ce changement. c’est pour cette raison qu’on a commencé des essais pour la gestion de l’irrigation sur l’ensemble de nos domaines. Ça fait quatre ans maintenant qu’on a commencé ces essais, on a maintenant un “background“ avec lequel on peut commencer. Mais on compte toujours poursuivre les essais pour améliorer nos données et mieux gérer notre irrigation.

HTN : Pouvez vous nous parler de Maroc Citrus et son rôle dans l’élaboration de ces critères. 

– M. Sabri : Maroc Citrus est une association interprofessionnelle créée suite à l’échec qu’a connu le secteur la campagne précédente. C’est le représentant officiel de toute la chaine de production, conditionnement et logistique des Agrumes et le seul interlocuteur pour ce secteur. Maroc Citrus a participé dans l’élaboration des critères fixés pour cette campagne. Un comité mixte a été créé, composé des membres de Maroc Citrus et l’EACCE dans le but de discuter ces paramètres et de déterminer les critères sur lesquels toutes les parties seront d’accord.

– HTN : Vous n’êtes pas nombreux à entamer la récolte et le diverdissage de la clémentine, pourquoi ?

– M. Sabri : Oui c’est vrai, ça dépend de la variété, du porte greffe et même des zones en question. Les variétés précoces qui sont prêtes pour la récolte sont Bruno, Orogrande et Esbal.  

HTN : On dit que la l’échec de la campagne passée est dû au fait que deux groupes ont commencé, plutôt qu’il ne fallait, la récolte, vous êtes d’accord avec cette thèse ?

M. Sabri : Il n’y a pas une seule cause de l’échec de la campagne passée, comme vous l’avez mentionné le faite que des groupes ont commencé la récolte plutôt a joué un rôle très important mais il y a aussi le facteur du tonnage très élevé avec une qualité médiocre de la majorité des produits qui ont joué un rôle important. Ce sont deux paramètres très liés, les rendements très élevés ont influencé négativement le calibre et le brix des fruits.

– HTN : Cette année, on dit que la qualité est au rendez-vous et le tonnage est moyen, ce sont des éléments qui, à priori, vont garantir de bons prix, vous êtes d’accord ?

-M. Sabri : On espère bien ! On doit apprendre des leçons du passé pour mieux gérer le futur de ce secteur. Les mesures qui vont être prises cette campagne nous aideront a mieux valoriser nos produits. De nouveaux marchés sur l’UE seront au rendez-vous et une augmentation des volumes exportés vers les Etats Unis d’Amérique est prévue. Certains de ces clients sont très exigeants, par rapport à certains critères, principalement le volet social, mais on doit faire de notre mieux pour nous positionner sur ces nouveaux marchés.

– HTN : Quelles sont vos craintes, après cet arsenal de mesures, pour cette campagne ?

-M. Sabri : Je suis plutôt optimiste. Toutes ces mesures vont nous permettre d’élever le niveau de technicité sur nos fermes, que ça soit pour le potentiel humain, matériel et les techniques utilisées. Ceci signifie des investissements pour le coté matériel mais aussi des formations pour le personnel. Cette dernière est une nécessite inévitable, si on veut garder notre position en tant que leader de ce marché.

Mes craintes sont surtout pour les petits agriculteurs qui n’ont pas assez de moyens pour répondre à ces exigences et aux quels ont doit penser d’avantage.

– HTN : M. Hicham Sabri, le mot de la fin est pour vous

M. sabri : Il y a un grand potentiel pour le secteur des clémentines au Maroc, mais il y a aussi du travail à faire. Nous avons besoin de faire revivre la recherche et le développement dans ce secteur que ce soit sur les vergers ou les stations de conditionnement (maitriser la durée de déverdissage, assurer une meilleur conservation des fruits..) et de formaliser les résultats obtenus. Tout ce qu’on fait actuellement c’est de la recherche à petite échelle qui n’est pas vraiment structurée puisque chaque groupe fait ses recherches dans son coint et les résultats ne sont communiqués que dans les couloirs. L’état s’engage à financer environ 80% des projets qui seront conduits par Maroc Citrus, il faut en profiter.

Les commerciaux doivent également intensifier aussi leurs efforts pour la conquête de nouveaux marchés. On ne doit plus se contenter d’un seul marché principal, les résultats de cette stratégie ont été dévastatrices  la campagne passée.

 

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