Les agriculteurs appellent à fournir les cantines en produits français.

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Manuel Valls et Stéphane Le Foll plaident pour des repas fabriqués avec des produits locaux dans la restauration collective. Mais les ministères sont encore loin du compte faute d’y mettre le prix.

Embargo russe, risques climatiques, concurrence européenne à bas coût sur leurs propres productions : face aux difficultés qui les accablent, les agriculteurs demandent l’organisation d’un « patriotisme alimentaire ». Les syndicats agricoles estiment que fournir les cantines publiques en produits français leur offrirait un débouché économique et aurait valeur d’exemple pour inciter les consommateurs-citoyens à privilégier, eux aussi, les produits locaux. Sur le principe, le Premier ministre, Manuel Valls et le ministre de l’Agriculture Stéphane le Foll approuvent. Qu’en est-il réellement des pratiques au sommet de l’État ?

L’État pas toujours vertueux

Selon une enquête de l’agence France Presse, « à l’Élysée les fromages, les volailles et les vins sont français à 100 %. Pour les autres viandes, le gérant essaye d’en servir régulièrement et pour les fruits et légumes, tout dépend de la saison et du prix pratiqué au moment de l’achat ». Au très classieux restaurant des députés, la cuisine de l’Assemblée sert 100 % de viande de France, des fruits et légumes quasi exclusivement originaires du Lot-et-Garonne, des poissons Pavillon France et pâtisseries d’artisans locaux.

Au Sénat, au restaurant géré par un concessionnaire privé 100 % des vins proposés sont français, 100 % des fromages, crémerie, œufs, 60 % des poissons et fruits de mer, et 70 % des fruits et légumes. Pas un mot sur la viande en revanche. Le ministère de l’Agriculture, qui gère aussi la cantine de l’Intérieur donne l’exemple : viande, laitages/beurre et légumes frais à 100 % français, fruits frais à 70 % made in France. Matignon n’a pas répondu.

Ce qui coince : le prix

Tous aimeraient acheter davantage français. Mais sur l’étiquette, la case « made in » n’est pas le seul critère. Les services de François Hollande rappellent qu’en 2008 la Cour des Comptes avait jugé les coûts de revient trop élevés (4,70 euros par repas), et qu’ils avaient dû se mettre en conformité pour abaisser le prix à 3,77 euros en 2013. Pour cela, « il a fallu privilégier le coût des denrées ».

À l’Assemblée, le questeur Bernard Roman (PS, Nord) reconnaît qu’avec l’enveloppe impartie au self, « c’est beaucoup plus compliqué de privilégier les produits français ». Idem au Sénat pour le self des employés.

Début novembre, les Jeunes agriculteurs ont découvert au ministère de l’Économie des tomates du Maroc, des pommes d’Italie, des produits sans étiquettes et même du basilic d’Israël. Bercy a refusé d’ouvrir ses cantines où l’on sert 53 % de viandes françaises et 8,42 % de fruits et légumes produits en Ile-de-France. « Pour raisons budgétaires », avancent les comptables de la Nation.

« Made in France » plus cher

Les collectivités locales font davantage d’efforts malgré des difficultés budgétaires ou d’approvisionnement : les 22 régions selon l’Association des régions de France (ARF) et 63 départements ont signé des conventions pour servir du bio français ou s’approvisionner par des circuits courts. Les communes aussi. Dans la limite des possibilités des fournisseurs et… du budget. « Les parents ne veulent pas voir le prix du ticket au lycée augmenter et les contribuables n’aiment pas les hausses d’impôt », souligne Alain Rousset (PS, Aquitaine), le président de l’ARF. Car nul ne conteste que le « made in France » est plus cher. Les garanties de sécurité, les standards élevés de qualité et les conditions sociales de production rendent le «made in France» plus cher. À la cantine comme au supermarché, entre le patriotisme et le portefeuille, le choix est compliqué.

Source : lejsl.com

 

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