Le Maroc va dessaler l’eau de mer pour irriguer les orangers du Souss

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Un vaste projet chiffré à 2,7 MMDH va permettre de produire 167.000 m3 d’eau par jour d’ici 2018 pour irriguer la région. Pour la toute première fois au Maroc, une usine de dessalement d’eau de mer va voir le jour près d’Agadir, couplée à un vaste réseau d’irrigation. Le projet sera développé en partenariat public-privé avec une exploitation pour une durée de 30 ans.

Sauvegarde des ressources hydrauliques de la région

La région de Chtouka (Souss-Massa-Draa) au climat subdésertique abrite la plus grosse production fruitière et de tomates du Royaume :

-oranges (47% de la production nationale),

-tomates (83% des exportations nationales),

-bananes (50% de la production nationale),

Il s’agit de produits agricoles à haute valeur ajoutée et intensifs en irrigation.

Mais les besoins hydrauliques de la zone ne sont plus suffisamment assurés par le barrage sur l’Oued Massa et l’exploitation de la nappe phréatique.

Cette dernière enregistre un déficit de 60 millions de m3 et les précipitations annuelles ne permettent plus de remplir le bassin. Aujourd’hui, les agriculteurs puisent de plus en plus profond provoquant des intrusions marines et donc la pollution de la nappe.

Stop à la salinisation de la nappe phréatique

Pour éviter la catastrophe et préserver l’activité agricole, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime s’est engagé dans un projet de partenariat public-privé (PPP) pour le dessalement de l’eau de mer et l’irrigation de la zone.

L’unité de dessalement sera située au Sud d’Agadir et devra produire à terme 167.000 m3 d’eau dessalée par jour. Elle parviendra ainsi à couvrir tout juste le déficit hydraulique qui se porte à 60 millions de m3.

Les autorités de régulation visent ainsi un plan d’approvisionnement mixte pour la région: eaux conventionnelles du barrage et de la nappe, et eau dessalée. Les agriculteurs devront d’ailleurs s’engager à respecter des quotas de prélèvement sur la nappe. Toutes les extensions agricoles ne seront pas autorisées, à l’exception de celles sur eau dessalée. A terme, l’eau déminéralisée devra couvrir 50% des besoins des agriculteurs.

Un projet à 2,7 MMDH, très attendu par les agriculteurs

Le projet comprend trois volets :

-la construction de l’unité de dessalement,

-la construction du réseau d’irrigation,

-l’exploitation des infrastructures pendant 30 ans.

Coût d’installation estimé: autour de 2,7 MMDH.

L’analyse économique conduite dans l’étude de structuration du projet a conclu à la nécessité d’une contribution publique consistante pour permettre d’appliquer un tarif abordable par les agriculteurs de la région. Le gouvernement, ayant signé un accord de prêt avec le Fonds arabe de développement économique et social (Fades) en juillet, devrait donc financer à hauteur de 1,45 MMDH les coûts d’investissement initiaux.

Le reste sera financé par l’entreprise délégataire, mais également par les agriculteurs de la région, à travers le paiement d’un droit de souscription de 10.000 DH/ha.

En rompant l’aléa climatique, ce projet présente une garantie pour leurs investissements, et une stabilisation de leur chiffre d’affaires. D’ailleurs certains ont déjà installé des petites unités de déminéralisation artisanale, faisant peu de cas des risques environnementaux afférents.

Une mise en exploitation pour fin 2018

Les études de faisabilité du projet de PPP ont été finalisées et la phase de pré-qualification devrait intervenir au courant du mois.

S’ensuivra l’appel d’offre et la phase d’adjudication finale est prévue pour le second semestre 2015. La livraison est attendue pour fin 2018.

Le délégataire privé aura donc la charge de la construction et de l’exploitation pendant 30 ans. Les sociétés espagnoles, françaises, chinoises, coréennes, réputées pour maîtriser ce type de technologie, sont attendues sur ce projet.

Le modèle pourrait être reproduit dans d’autres régions

D’autres régions qui présentent les mêmes menaces de désertification pourraient bénéficier de ce type de projet. A Laayoune ou Dakhla notamment.

Au ministère de l’Agriculture, on prend exemple sur des pays comme l’Espagne ou Malte, qui ont recours de façon intensive aux procédés de dessalement.

A terme, on ambitionne de suivre leur plan de gestion des ressources en eau: réserver l’eau dessalée pour les consommateurs et l’eau de barrage pour les agriculteurs. Alléger le stress hydraulique de certaines régions, assurer un taux de sécurité alimentaire, sortir de la dépendance aux importations agricoles, ces enjeux sont pesés au compte-goutte au ministère.

Source : medias24.com

 

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