La filière des dattes en panne

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  • GROS DÉFICIT DE PLANTS ET D’UNITÉS DE FROID
  • LE CONTRAT-PROGRAMME COMPROMIS, S’ALARME L’AGRICULTURE 

35.000 souches devaient être normalement produites sur la période 2010-2014. Mais le retard pris par les structures nationales de recherche a fait que le déficit, notamment de vitroplants, s’est creusé au fil des ans. A tel point qu’il va culminer à 176.760 unités sur les deux prochaines années. Pour baisser à 10.000 plants à partir de 2017.

La filière des dattes est en grande difficulté. Les objectifs du contrat-programme risquent d’être compromis en raison des dysfonctionnements qui plombent l’amont et l’aval de la filière. L’alerte vient d’être lancée par le ministère de l’Agriculture lui-même dans une note stratégique. A l’amont, les investisseurs peinent à trouver les plants certifiés sains et indemnes de maladies virales, alors qu’en aval, la chaîne de froid fait toujours défaut. Pour une filière qui a bénéficié d’une grosse partie du financement du Millénium Challenge, ce diagnostic est pour le moins étonnant.
Pour redresser la situation, il n’y a plus de choix que le recours à l’importation.

«L’Institut national de recherche agronomique ainsi que les autres laboratoires nationaux sont incapables de suivre le rythme des plantations tel que prévu dans le contrat-programme 2010-2020», est-il relevé. Jusqu’à présent, les nouvelles plantations réalisées depuis la signature de la convention ont porté sur 2.500 ha sur les 17.000 programmés. Il resterait donc 14.500 ha à planter d’ici 2020. Ce qui n’est pas évident, vu le déficit en matière des plants et en particulier ceux produits in vitro (vitroplants). Car, pour les investisseurs tout comme pour le ministère de l’Agriculture, il n’est pas question de recourir aux rejets. La technique comporte, en effet, un gros risque de transmission de maladies, notamment le bayoud dont les ravages restent encore présents dans l’esprit.
«Pour combler une partie du déficit, il n’y a plus de choix que le recours à l’importation», reconnaît la tutelle. Ceci, même pour des variétés typiquement, voire «exclusivement», marocaines: Mejhoul, Boufegous, Nejda et Aziza. A cet effet, un laboratoire étranger a été identifié pour fournir des vitroplants à partir de souches de la palmeraie marocaine. Ceci, dès l’année prochaine et jusqu’à la fin du contrat-programme. Avec, toutefois, un forcing sur les deux prochaines années qui vont enregistrer le plus fort déficit. L’opération import devrait couvrir 40% des besoins l’année prochaine et plus de la moitié en 2016. Ceci, rien que pour les quatre variétés très demandées par les agriculteurs.
«Parallèlement, l’INRA ainsi que d’autres laboratoires partenaires doivent renforcer leurs activités et revoir leur mix variétal selon la demande des investisseurs», observe la note de veille stratégique. Ces structures de recherche doivent combler le déficit prévisible à partir de l’année 2017. Elles doivent accompagner le programme de production de souches destinées à l’extension des plantations hors palmeraies existantes. Ce plan est concentré à raison de 67% sur la variété Mejhoul. Le reste est réparti sur les trois autres variétés prisées par les investisseurs: Boufegous (24%), Nejda (6%) et Aziza (3%).
Pour le moment, les besoins annuels en vitroplants sont estimés à 242.000 unités, soit 1,45 million sur la période 2015-2020. Et le chiffre ne concerne que les nouvelles plantations. Avec le plan de renforcement des densités des plantations, la superficie globale du palmier dattier devrait être portée à 48.000 ha d’ici 2020 contre 30.000 actuellement.
La note du ministère de l’Agriculture insiste également sur le suivi. Un état des lieux sur les intentions des investissements et le disponible en vitroplants doit être établi chaque trimestre.
A l’aval, la chaîne du froid a également des ratés. Les objectifs du contrat-programme tablent sur la création d’une quarantaine d’unités d’entreposage frigorifique dont la moitié par l’Etat et l’autre moitié par le privé. Ce dernier bénéficie d’une subvention de 30% du coût de l’investissement. Mais jusqu’à présent, les réalisations se comptent sur les doigts d’une seule main. C’est dire le chemin qui reste à parcourir pour une filière jugée stratégique.

Source : leconomiste.com 

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