France : Les agriculteurs lèvent leurs barrages à la frontière avec l’Allemagne

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Des agriculteurs alsaciens ont refoulé « entre deux cents et trois cents camions » étrangers depuis dimanche soir à la frontière avec l’Allemagne, a affirmé lundi matin à l’AFP le président de la FDSEA du Bas-Rhin.

Les agriculteurs ont pris place depuis dimanche 26 juillet vers 22h sur six passages routiers entre la France et l’Allemagne, dont cinq ponts, pour une action qui s’est prolongée jusqu’à lundi après-midi, à l’initiative de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin.

Aux environs de 16h, les agriculteurs alsaciens ont décidé de lever les barrages après avoir obtenu un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture. « On lève les barrages dans l’immédiat », a déclaré devant des journalistes le président de la FDSEA du Bas-Rhin, Franck Sander, tout en précisant que les agriculteurs du département resteraient mobilisés « en attendant des résultats ».

« D’ici à la fin du mois d’août, il y a des choses qui vont se passer », a-t-il dit, laissant notamment entendre que des actions pourraient viser la grande distribution et « ceux qui ne jouent pas le jeu » des engagements pris auprès des pouvoirs publics.

Entre dimanche et lundi, ils avaient visé uniquement les camions venant d’outre-Rhin et transportant des produits agroalimentaires ou des matières premières agricoles, qu’ils contraignent à s’arrêter et dont ils vérifiaient systématiquement le contenu.

« Nous avons déjà refoulé entre deux cents et trois cents camions, qui transportaient des produits qui nous font des distorsions de concurrence », avait expliqué Franck Sander, affirmant que plus d’un millier d’agriculteurs (éleveurs et cultivateurs) étaient mobilisés pour se relayer sur ces barrages.

« On a par exemple fait faire demi-tour à un camion transportant du Babybel », a-t-il dit. « Les consommateurs pensent que c’est français, mais ce fromage venait de Slovaquie », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’ils avaient aussi refoulé des camions chargés de fruits et légumes et de viandes venant d’Allemagne.

Les pouvoirs publics doivent trouver des « solutions concrètes pour mettre fin aux distorsions de concurrence » avec les agriculteurs des pays voisins, avait estimé Franck Sander, fustigeant la « surenchère de normes » en France et les différences de coût de la main-d’œuvre en défaveur des agriculteurs français.

Les camions venant d’Espagne contrôlés

Par ailleurs, à l’autre bout de la France, une centaine d’agriculteurs français ont fouillé dimanche soir des dizaines de camions venant d’Espagne sur une autoroute de Haute-Garonne, menaçant de décharger la viande ou les fruits destinés au marché français s’ils en trouvaient, a déclaré un responsable syndical.

Les cultivateurs et éleveurs ont établi à l’aide d’une dizaine de tracteurs des barrages sur l’autoroute A 645, après le péage de Montrejeau, entre Saint-Gaudens et Lannemezan, provoquant trois à quatre kilomètres de bouchon, a précisé à l’AFP Guillaume Darrouy, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne. Le syndicat était l’organisateur de l’opération qui réunissait également des membres de la FDSEA du département.

« On contrôle tous les camions provenant d’Espagne. On regarde la provenance des denrées alimentaires », a-t-il dit, précisant que des éleveurs mais aussi des céréaliers participaient aux vérifications. « Si ça va en France, on déchargera », a averti le leader syndical départemental. Une cinquantaine de camions avaient été fouillés avant 23h mais aucun n’avait été vidé, a dit Guillaume Darrouy.

Les agriculteurs ont trouvé quelques camions de fruits venant d’Espagne et destinés à la Belgique ou à l’Italie mais pas à la France et pas de camions de viande. Les contrôles devaient se poursuivre pendant encore quelques heures, a-t-on ajouté de même source. Une vingtaine de gendarmes étaient présents et aucun incident n’a été signalé, selon le représentant syndical.

Ces opérations aux frontières suivent une importante mobilisation, samedi, dans différentes régions de France, d’agriculteurs protestant contre les prix jugés insuffisants de la viande de bœuf et porc et du lait au terme d’une semaine d’agitation paysanne.

Enfin, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, estime dans Le Parisien/Aujourd’hui en France de lundi que « dans les jours qui viennent, suite à l’accord tout juste conclu avec le gouvernement, les prix doivent remonter ».

Selon le responsable du principal syndical agricole, « les Français sont prêts à payer plus, c’est encourageant ». « L’accord sur la hausse du prix du lait va soulager les éleveurs jusqu’en décembre. Pour le bœuf, distribution et industriels sont à la moitié du chemin par rapport aux engagements de juin », a précisé Xavier Beulin.

Hollande redit son soutien aux agriculteurs


De son côté, François Hollande a de nouveau promis lundi, lors d’un déplacement dans le Var, le soutien du gouvernement aux agriculteurs, après la mise en place des barrages aux frontières.

« Nous devons agir. Notre ministre de l’Agriculture a fait en sorte que nous puissions faire la pression nécessaire sur les distributeurs, les transformateurs, les abatteurs. (…) C’est l’ensemble de ces actions qui produira leurs effets », a expliqué le président. « Et je n’oublie pas la réunion du conseil européen sur l’agriculture (début septembre). D’ici là, nous continuons la pression. Que les agriculteurs soient sûrs, actions ou pas actions, que nous sommes à leur coté », a-t-il ajouté.

« L’agriculture française est en Europe, c’est une réalité », a lui déclaré Stéphane Le Foll sur France Inter lundi matin. « La France et les productions françaises exportent aussi dans ces pays », a ajouté le ministre de l’Agriculture, estimant qu' »il faut respecter qu’en Europe, on essaie de trouver des solutions à l’échelle des institutions qui sont faites pour ça ». « La situation est quelque fois encore plus dramatique dans d’autres pays européens », a souligné le ministre.

Source : huffingtonpost.fr

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