Embargo russe : Le Maroc n’est pas un circuit parallèle pour les Européens

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Les rumeurs vont bon train concernant un éventuel contournement de l’interdiction des produits alimentaires européens sur le marché russe. Une information réfutée par les officiels marocains.

Depuis que la Russie a décidé de fermer ses frontières aux produits agricoles et agroalimentaires européens, les rumeurs vont bon train concernant un éventuel contournement de cet embargo par les exportateurs français en recherchant des circuits parallèles, et ce en passant notamment par le marché marocain. Une information complètement réfutée par les officiels marocains. «C’est totalement faux. Nous avons une bonne connaissance de tout ce qui est importé. Tout exportateur doit disposer du certificat d’inspection que lui fournit l’EACCE ainsi que du certificat sanitaire et phytosanitaires que lui délivre l’ONSSA. La traçabilité du produit est bien assurée. Il n’empêche qu’il y a eu des tentatives dans ce sens, mais celles-ci ont été avortées. En effet, pour exporter à partir du Maroc, il y a des règles d’origine à respecter et, pour avoir l’origine marocaine, il faut avoir un taux de transformation d’au moins 40%», a laissé entendre Abdellah Janati, directeur général de l’Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE). Autant dire que l’on ne badine pas avec les normes et les standards internationaux qui rendent souvent la vie dure aux exportateurs. En fonction des pays, les démarches administratives prennent de 4 à 6 mois sans compter les autorisations accordées par les autorités marocaines. C’est un vrai calvaire pour les entreprises exportatrices de produits alimentaires, appelées de plus en plus à s’auto-contrôler et à se mettre à niveau en matière réglementaire pour continuer à accéder facilement aux marchés étrangers, d’autant plus que le monde des normes sanitaires et phytosanitaires n’est pas statique. «Dans le domaines des normes, il y a toujours du changement, il faut rester à l’écoute tout en étant réactif. Nous essayons d’améliorer nos services, au niveau de l’ONSSA. L’établissement est déjà certifié. Il est même en avance par rapport à la certification des laboratoires. C’est un cachet important pour gagner la confiance des partenaires commerciaux», a précisé Ahmed Bentouhami, directeur général de l’ONSSA.

Il apparaît ainsi que le label Maroc est le nerf de guerre de la stratégie agricole marocaine (Plan Maroc vert). D’ailleurs, ce sujet figure à l’ordre du jour de la Commission mixte Maroc-Russie qui débute aujourd’hui, notamment dans son volet lié à l’agriculture. «Outre le volet commercial, il s’agit de consolider notre label et de respecter les normes. Les opérateurs et producteurs doivent également mettre à niveau certaines pratiques pour pouvoir répondre à cette vision du Plan Maroc vert et élargir les marchés», a souligné Mohamed Sadiki, secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime. Il faut dire que le Maroc mise gros sur la Russie pour une présence plus marquée sur ce marché, qui est aujourd’hui en quête de nouveaux partenaires pour palier les retombées de l’embargo sur les produits alimentaires européens. Cet incident conjoncturel ne manquerait pas de profiter à certains exportateurs marocains, bien que les officiels marocains voient les choses autrement. «Le travail stratégique se fait dans la continuité. Pour nous, ce n’est par cet incident qui doit constituer notre base de travail, nous ne sommes pas dans cet esprit. Même les professionnels ne le sont pas. Nous sommes plus dans la logique de maintenir d’abord notre place. 63% de nos exportation d’agrumes sont orientés vers la Russie», a insisté Sadiki. L’intérêt pour ce marché est important, d’où la première participation marocaine au World Food Moscow, qui se tient du 14 au 18 septembre et qui devrait accueillir cette année pus de 28.000 visiteurs, contre près de 26.000 l’année dernière.


Abdellah Janati
Directeur général de l’EACCE

Les ÉCO : Quels sont les concurrents  du Maroc, sur le marché russe ?
Abdellah Janati : Par rapport aux agrumes, nous avons deux grandes catégories, les oranges et la clémentine. Pour la clémentine, le Maroc est le premier fournisseur de la Russie, mais il est talonné par la Turquie. Pour les oranges, nos concurrents sont essentiellement la Turquie, l’Égypte et le Pakistan. Pour la tomate,  la Turquie est en pole position. Les Russes en importent près de 800.000 t pan an, ce qui eprésente un potentiel important pour nous. Nous sommes passés de 20.000 tonnes à plus de 63.000 tonnes en 3 ou 4 ans. Même pour les autres filières, il y a du potentiel. C’est le cas pour les myrtilles. Sur les 4 dernières années, nous sommes passés de 400 t à 6.000 t grâce au Plan Maroc vert.  

Quel est votre plan d’action pour l’année prochaine ?
 Il s’agit d’abord d’accréditer sur le plan international la manière avec laquelle nous travaillons. Nous comptons aussi accréditer nos laboratoires selon des normes reconnues sur le plan international, plus précisément la norme 17025. Sur le plan du management, nous sommes accrédités ISO 9001. Sur le plan du contrôle technique, nous sommes en cours d’accréditation selon la norme 17020. Le deuxième axe concerne l’amélioration du service rendu aux opérateurs, notamment en matière de simplification des procédures et d’informatisation de nos systèmes. Nous avons aussi mis aussi un système de veille pour suivre ce qui se passe sur le marché international. L’année dernière, nous les avons fait profiter de 50 informations veille. En 2015, nous passerons à 200, sans oublier les programmes de promotion.

Source : lesecco.ma

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