Drâa-Tafilalet: le pistachier tente de se faire une place dans un écosystème à prédominance oasienne

Errachidia – La population du sud-est du Maroc n’aurait jamais imaginé l’existence du pistachier dans cette région du Royaume dominée par d’autres arbres fruitiers emblématiques, dont le palmier dattier, l’olivier ou le pommier.

Pourtant, El Arbi Cherradi, propriétaire d’une ferme aux environs d’Errachidia, a osé se lancer dans cette aventure en introduisant la culture du pistachier dans cette région, en perspective de voir cette variété se faire une place dans un écosystème agricole a prédominance oasienne.

Près de huit ans se sont écoulés déjà depuis que Cherradi a mis à exécution son idée, sans se soucier trop des conséquences d’une initiative qu’il a jugée bénéfique et susceptible de jeter les bases d’un modèle agricole prometteur dans une région où la grande majorité des agriculteurs ne sont pas prêts à changer leur mode de vie légué par les ancêtres.

Il s’agit, selon Cherradi, d’une durée insuffisante pour dresser le bilan de cette expérience qui veut bousculer les stéréotypes traditionnels sur l’agriculture dans la région de Drâa-Tafilalet.

La culture du pistachier n’est pas répandue dans la région en raison des risques qu’elle porte, surtout qu’il s’agit d’une variété méconnue des agriculteurs de Drâa-Tafilalet qui restent très attachés à leur savoir-faire dans le domaine agricole, lié surtout à la culture et l’entretien du palmier dattier.

L’entreprise d’El Arbi Cherradi a donc été risquée, sachant que les acteurs du domaine agricole de la région ne disposent pas de connaissances suffisantes sur les différents aspects liés à la culture du pistachier à même de favoriser son introduction et son développement.

En outre, l’absence d’une assistance technique ou d’un appui financier de la part des parties compétentes accentuent les risques liés à cette culture.

Pour démarrer son projet ambitieux, El Arbi Cherradi a apporté des plants d’Azrou, dans la région de Fès-Meknès, pour les planter dans sa ferme située dans la commune de Meski, à quelques kilomètres d’Errachidia.

M. Cherradi peut être fier de son expérience qui a connu une grande réussite pour devenir un modèle à suivre, dans la mesure où il a pu relever un défi agricole de taille, au service de la diversification de la production agricole de la région.

Les experts du secteur agricole estiment que cette ferme peut constituer une locomotive pour le développement de nouvelles cultures dans la région de Drâa-Tafilalet et une source d’inspiration pour ses agriculteurs pour s’ouvrir sur de nouvelles perspectives.

La culture agricole des agriculteurs de la région peut les aider à se lancer dans cette nouvelle aventure, la culture et l’entretien du pistachier étant semblables, dans certains de leurs aspects, à ceux du palmier dattier, en termes notamment de durée nécessaire pour récolter les premiers fruits.

Le pistachier à Drâa-Tafilalet ne peut être envisagé comme le reste des filières agricoles, étant donné qu’il s’agit d’une expérience encore à ses débuts et qui n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière pour avoir un rendement satisfaisant pour les agriculteurs de la région.

L’introduction de nouvelles cultures comporte souvent de grands risques pour les investisseurs, en raison de l’ignorance des problèmes qu’elles peuvent poser en rapport notamment avec la multiplication ou la pollinisation.

En débit des éventuels écueils pouvant surgir, la famille Aminass a tenté l’aventure aussi dans la province de Ouarzazate et n’a pas regretté cette décision.

La ferme de pistachier créée au niveau de douar Imzoughen, dans la commune d’Ait Zineb (province de Ouarzazate), est devenu le premier producteur de pistaches écoulés sur le marché local.

Meryem Aminass, qui a vécu de près les différentes étapes de l’introduction de la culture du pistachier dans cette région, souligne que cet arbre, dont l’importance réside dans sa grande faculté d’adaptation aux terrains défavorables, est une source de bonheur pour la population locale qui le consomme sans retenue.

Elle a fait observer que cette espèce, caractérisée par sa floraison tardive (juin-juillet), mérite l’aventure et l’investissement consenti, même si elle reste méconnue des agriculteurs locaux, ajoutant que son introduction dans cette région du Maroc a contribué à la diversification de sa production agricole.

Se rappelant les premiers pas de cette expérience pionnière dans la ferme familiale, Meryem a relevé que le pistachier commence à porter des fruits entre 5 et 7 ans après sa plantation, mettant l’accent sur la volonté qui anime plusieurs agriculteurs de la région de Drâa-Tafilalet de se lancer dans une expérience similaire, surtout après sa réussite à Ouarzazate.

Elle a fait part aussi de la détermination de sa famille à développer leur ferme, soulignant la nécessité de soutenir, à travers l’orientation, l’encadrement et l’accompagnement des agriculteurs désireux de cultiver le pistachier dans la région.

La culture du pistachier ne prévaut pas dans la région de Drâa-Tafilalet comme celle des palmiers dattiers et des oliviers, alors que son risque réside dans les difficultés liées à leur entretien pour plus de 6 ans avant de pouvoir récolter les premiers fruits.

Pour donner une bonne récolte, les pistachiers doivent être cultivés dans une zone de climat semi-désertique avec une température ne dépassant pas 45°, à condition que la plante soit entretenue d’une manière adéquate.

Le pistachier est une espèce dont l’importance réside dans sa grande faculté d’adaptation aux terrains défavorables, aux climats secs et aux zones gélives et par sa floraison tardive.

De ce fait, le pistachier est sujet à la valorisation des terrains qui ne peuvent pas permettre la culture d’autres arbres fruitiers avec succès. Il est capable de répondre positivement quand il est cultivé dans les conditions pedo-climatiques favorables.

Toutefois, les agriculteurs qui désirent s’adonner à cette culture trouvent des difficultés à se procurer les plants pour leurs terres et manquent de conseils à même de les encourager à se lancer dans cette aventure aux conséquences imprévues.

Par ailleurs, l’existence dans la région de Drâa-Tafilalet de plusieurs barrages offrant une ressource en eau d’irrigation constitue une source de motivation. Il s’agit de cinq grands barrages et de trois autres en cours de construction, ainsi que de ressources en eau souterraines estimées à 423 millions de m2.

En débit de ses difficultés et risques, la culture du pistachier, un arbre délicat qui demande beaucoup d’attention, offre des opportunités d’investissement prometteuses notamment pour les agriculteurs possédant de grandes surfaces, surtout que cette espèce s’adapte bien au climat du Maroc.

Source : http://www.mapexpress.ma/

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *