Agrumes : “L’encadrement technique au Maroc est très faible “, Interview M. E. Chkihi, responsable technique d’Agrumar Souss (part. 2)

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Après deux années successives jugées catastrophiques pour le secteur agrumicole au Maroc, la campagne 2015-2016 s’annonce bien, au moins pour les clémentines qui ont démarré il y a un peu plus qu’un mois. Afin d’avoir plus d’informations sur le déroulement de cette campagne nous avons rencontré pour vous M.ElHassane Chikhi  responsable technique de la coopérative  Agrumar Souss (partie 2). 

HTN: À la lumière des résultats positifs de cette campagne, peut-on dire que les efforts de Maroc citrus ont donné leurs fruits ?

 E. Chikhi : les exigences  en termes de qualité, à savoir le brix, la coloration, la durée de déverdissage, le nombre de pépins par fruit …etc. revues à la hausse a fait que seuls des fruits de qualité sont exportés. Ceci bien entendu a eu des répercussions sur le revenu des producteurs, au point que plusieurs sont en difficulté financière. Les stations sont aussi « serrées » à cause de l’augmentation des taux d’écarts.  Mais ceci était obligatoire, car sinon, dieu seul sait ce qu’allait devenir le secteur agrumicole. Après deux années catastrophiques, dans tous les sens, l’image du  fruit marocain a était plus que bafouée.

HTN : Afin de répondre à ces exigences et rester rentable, nous avons besoin de technicité, le secteur disposent-il suffisamment de cadres pour relever les défis de l’avenir ?

E. Chikhi : les agrumiculteurs ont fait des efforts dans ce sens. Mais le manque reste très grand. À titre d’exemple on recommande un ingénieur et quatre techniciens pour l’encadrement de 300 hectares. Au Maroc, nous avons une superficie de cent vingt mile hectares, ce qui veut dire qu’il devrait y avoir quatre cent ingénieurs agronomes et mille six cents techniciens pour l’encadrement des vergers. Malheureusement nous sommes très loin de cet effectif. Si je prends le  Souss, par exemple, nous avons 46 mille hectares, nous devrions avoir 153 ingénieurs alors que dans la réalité nous n’avons même pas une trentaine entre stations et fermes.

Afin de résoudre ce problème, le Plan Maroc Vert à inciter les producteurs à s’agréger mais la situation n’a pas beaucoup changer.  En outre, pour l’octroi  des terrains dans le cadre des contrats programmes public-privé, les investisseurs avaient promis de faire des recrutements importants, mais la plupart n’ont pas respecté les cahiers de charges ce qui aggravé la situation en termes d’encadrement.

Afin de palier à cet immense manque, au sein du comité technique de l’ASPAM division Souss nous avons organisé des journées de sensibilisation au profit des agrumiculteurs dans le Souss et avec l’arrivé du nouveau président nous avons même organisé quelques journées dans les autres régions.

HTN : Les aléas climatiques semblent affecter de plus en plus les agrumes, surtout dans le Souss où les vagues de chergui sévissent durant des périodes critiques comme la floraison, nouaison ou la chute physiologique, avez-vous réfléchi au problème ?

E. Chikhi : Effectivement sur les 5 dernières années durant, au moins, trois années l’impact des aléas climatiques était important. Afin de limiter les dégâts de ces aléas, une étude avec Agrotech a été faite surtout après les chutes terribles de la campagne 2012-2013. Cette étude a démontré une forte corrélation entre la baisse de l’humidité relative  et la baisse de rendement. Des journées de discussion ont été organisées sur le sujet. Des essais doivent être conduits pour étudier l’effet de la brumisation durant ces périodes de Chergui. Mais nous avons besoin de financement pour l’installation de ces essais. Il y’a aussi d’autres moyens pour minimiser l’impact du stress de cette période comme l’application d’acides aminées, d’auxines et bien d’autres artifices qui doivent être essayés et ceci en prenant en compte les différents types de porte greffes, variétés…etc. Mais jusqu’à présent par manque de financement cela reste juste des réflexions. 

 

 

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