Agrumes: Les axes du plan de redressement

La filière agrumicole bat de l’aile. Ses indicateurs traduisent une crise profonde jamais connue depuis les années 1970. Pour s’en sortir, la profession a dû lancer un plan de structuration basé sur plusieurs axes. A commencer par la reconversion variétale du verger et la mise en place d’une structure propre d’encadrement. L’organisation du marché local était appuyée sur la transformation et la promotion de la consommation alors que l’export bénéficiait de plateformes de stockage et de dispatching sur certaines places de commercialisation.

Les variétés nobles issues de la reconversion (clémentine, navel, Maroc-late) étaient tellement prisées que le Maroc avait réalisé un record à l’export de 750.000 tonnes lors de la campagne 1985-1986. Auparavant et bien après, la moyenne se situait entre 650.000 et 700.000 tonnes. Ceci, avec une production de l’ordre de 1,2 million de tonnes. De même, le pays se prévalait aussi d’un volume de 50.000 tonnes de concentré d’agrumes dont l’essentiel était destiné à l’exportation. Aujourd’hui, la donne a été complètement inversée: le pays est devenu importateur net de jus et concentré. Et la part exportable peine à dépasser le quart de la production globale. Et pour cause! Des dysfonctionnements à la pelle touchant toutes les composantes de la filière.

Toutes les contraintes et faiblesses ont été pointées lors du dernier séminaire organisé tout récemment à Agadir avec la participation des représentants de la filière. Une rencontre marquée par des débats «particulièrement animés», tant les divergences d’intérêts y étaient manifestes. Et le consensus a été parfois difficile à faire autour des plantations, de la logistique et de l’export. Mais, au final, le séminaire a été clôturé par l’adoption de recommandations qui seront soumises à la tutelle.

■ Pépinières: Tromperie sur marchandise  
C’est la commission où le débat a été particulièrement houleux. En cause, «la tromperie sur marchandise» dont de nombreux producteurs ont fait les frais. Aussi, la première recommandation sur les cinq insiste-t-elle «sur la nécessité d’éviter les erreurs du passé». Traduisez, la fourniture de plants authentifiés. A ce titre, l’implication plus forte du ministère de l’Agriculture dans le contrôle des plants est vivement recommandée. A charge également pour la tutelle de favoriser l’importation de variétés à forte valeur ajoutée. La commission appelle aussi à l’élaboration d’une collection de référence de 5 ou 6 sous-variétés de la clémentine Bekria, à domicilier chez l’Institut national de recherche agronomique (INRA).
En ce qui concerne les plantations (extension et renouvellement de vieux arbres), il est recommandé d’équilibrer le verger avec des variétés super-précoces, précoces et tardives. Tout en maintenant les niveaux de subvention: 4.000 DH/ha pour la clémentine commune, 8.000 pour les petits fruits tardifs et super-précoces et 11.000 DH/ha pour les oranges. Le tout, en renforçant l’encadrement des producteurs jugé très faible. Le même constat est relevé pour le contrôle des intrants.
La commission s’est aussi intéressée à la fiabilité des estimations de récolte. «C’est un grand handicap non seulement pour organiser l’export et la logistique mais la rétention de l’information impacte également le pouvoir de négociation des exportateurs», est-il souligné. Aussi les professionnels veulent-ils être associés à l’enquête agrumicole.
■ Logistique: Déplafonner la subvention
Les travaux de cette commission se sont également déroulés dans un climat tendu. Nombreux sont les petits producteurs-exportateurs qui fondent l’espoir sur des partenariats d’agrégation avec des stations de conditionnement pour bénéficier des certifications exigées à l’export, et partant améliorer leur pouvoir de négociation. L’objectif vise aussi une meilleure optimisation du marché local avec des emballages et des marques dédiés. En revanche, les conditionneurs, en force dans la commission, ont défendu leur objectif «d’augmenter la subvention pour la création de nouvelles stations plus modernes et de mettre à niveau l’existant». Certes, des zones manquent de stations mais les 53 unités existantes travaillent à moins de 40% de leur capacité. De plus, plusieurs d’entre elles disposent de matériel ne répondant pas aux exigences de valorisation en direction du marché local.
Pour les conditionneurs, il s’agit également de pénétrer le marché africain en valorisant la 2e catégorie actuellement écoulée en vrac. A leurs yeux, il faut utiliser un emballage normalisé mais moins cher. Avec aussi à la clé, la promotion du transport maritime. Pour le moment, le transport terrestre se traduit par plusieurs dédouanements, ce qui renchérit le produit. Sans oublier que les droits de douane sur les marchés de l’Afrique restent très élevés par rapport aux autres débouchés du Maroc.

■ Marché local: La grande inconnue
Le marché intérieur a été traité selon ses deux composantes, la consommation de bouche et la transformation. Or, à ce titre, aucune visibilité n’est permise. Au niveau des marchés de gros, les producteurs se disent ignorer les volumes réels transitant par ces plateformes ainsi que les prix pratiqués. Alors que les données du site du ministère de l’Agriculture «Asar» sont déconnectées de la réalité. L’information fait également défaut pour ce qui est de l’industrie de jus.
Pour investir et développer la grande distribution, la profession recommande l’élaboration d’une étude sur les circuits de distribution. L’objectif est de pénétrer la grande surface via des produits emballés et distingués par des marques et des prix fixés. Une manière d’atténuer l’impact des intermédiaires dans l’attente de la réforme des marchés de gros qui tarde à se concrétiser.

Source : leconomiste.com

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